Maître Chogun Miyagi

Maître Chojun Miyagi : Biographie, philosophie et héritage technique

Biographie

Chojun Miyagi (宮城 長順, 1888-1953) est le fondateur du style Goju-Ryu, l’un des grands courants du karaté d’Okinawa. Né à Naha dans une famille de riches commerçants, il est adopté très jeune par son oncle, ce qui lui permet de se consacrer sans souci matériel à l’étude des arts martiaux.
À l’âge de 14 ans, il devient l’élève du maître Kanryo Higaonna, figure majeure du Naha-te, et s’entraîne avec une rigueur exceptionnelle. Après la mort de son maître en 1915, Miyagi part en Chine pour approfondir ses connaissances, notamment dans la province du Fujian, berceau de nombreux arts martiaux chinois.

De retour à Okinawa, il commence à enseigner et à structurer son propre style, tout en poursuivant une réflexion sur l’essence du karaté. Il s’illustre par ses démonstrations au Japon et obtient le titre de « Kyoshi », devenant le premier maître de karaté à être officiellement reconnu par le Dai Nippon Butokukai. Il décède en 1953 à l’âge de 65 ans, laissant un héritage technique et philosophique considérable.

L’idée du karaté Goju-Ryu

Chojun Miyagi fonde le Goju-Ryu (« école du dur et du souple ») en 1929, inspiré par un ancien texte chinois qui évoque la nécessité d’équilibrer la force (go) et la souplesse (ju).
Il compare son karaté à un saule pleureur :

« Quand le vent souffle avec violence, les branches volent dans tous les sens, mais demeurent intactes, tandis que le tronc, bien planté au sol, résiste. »

Pour Miyagi, le karaté n’est pas seulement un art de combat : c’est une voie d’éducation du corps et de l’esprit, centrée sur le respect, la maîtrise de soi et l’efficacité réelle. Il insiste sur l’importance de la respiration, du travail interne (ki), de la discipline et de l’adaptation à chaque situation. Son enseignement vise à forger un corps puissant et souple, capable de répondre à toutes les formes d’agression, tout en respectant la vie et les valeurs morales.

Les kata introduits par Chojun Miyagi

Miyagi a hérité de nombreux kata de son maître Higaonna, mais il a aussi enrichi le curriculum du Goju-Ryu avec des créations et des adaptations majeures :

  • Tensho : Kata à mains ouvertes, inspiré de l’école de la Grue blanche chinoise, il met l’accent sur la respiration, la fluidité et le travail interne. Tensho complète Sanchin, le kata fondamental de force et de tension, en introduisant la dimension « souple » du style.
  • Gekisai Dai Ichi & Gekisai Dai Ni : Créés dans les années 1940 pour faciliter l’apprentissage des débutants, ces kata structurent les bases techniques et pédagogiques du Goju-Ryu. Ils intègrent des mouvements simples, linéaires et circulaires, permettant une progression cohérente.
  • Structuration et transmission : Miyagi a également systématisé l’enseignement des kata traditionnels transmis par Higaonna (Sanchin, Saifa, Seiyunchin, Shisochin, Sanseru, Sepai, Kururunfa, Seisan, Suparinpei), en précisant leur exécution, leur bunkai (applications martiales) et leur rôle dans la progression du pratiquant.

Héritage

Chojun Miyagi laisse une empreinte profonde sur le karaté d’Okinawa et du Japon. Son style, reconnu pour son exigence technique et son équilibre entre force et souplesse, est aujourd’hui pratiqué dans le monde entier. Ses disciples directs, comme Gogen Yamaguchi, Seiko Higa, Eiichi Miyazato ou Meitoku Yagi, ont poursuivi son œuvre et diffusé le Goju-Ryu à l’international.

Chojun Miyagi demeure une figure centrale du karaté, symbole de la synthèse entre tradition, innovation et recherche de l’efficacité, dans le respect des valeurs humaines et martiales.