La politesse, fondement du karaté d’Okinawa
En tant que pratiquant du Shorei-Kan, on ne dissocie pas l’apprentissage des techniques de l’étude profonde de la politesse (reigi). Dans le Goju-Ryu, la politesse n’est pas un vernis social : elle constitue la racine même de notre art, la base sur laquelle s’érige toute progression martiale véritable.
Le sens profond de la politesse
- Respect de l’autre et de soi-même : Politesse signifie reconnaître la dignité de chacun, partenaires comme adversaires. Dans chaque salut, chaque mots ou attitude, c’est un engagement de cœur à cœur qui structure la pratique. Sans cet ancrage du respect, le karaté n’est qu’une lutte vide de sens.
- Transmission de l’esprit du Dojo : En entrant dans le dojo, la politesse prépare le mental, purifie les intentions et ouvre l’esprit à l’enseignement. Saluer le lieu, les aînés, les nouveaux venus, c’est reconnaître que l’on partage ensemble une tradition vivante.
- Lien entre ancien et moderne : nous veillons à transmettre que la politesse, loin d’être un archaïsme, est ce qui relie le karatéka d’aujourd’hui à l’héritage des maîtres du passé, et garantit la qualité des relations humaines dans le monde moderne.
La politesse dans la pédagogie Shorei-Kan
- Rituel et sincérité : on enseigne que chaque acte de politesse, du salut (rei) à la façon d’écouter le sensei ou d’aider un débutant, doit être accompli en pleine conscience, sans routine. C’est la sincérité de la politesse qui fait la noblesse du karatéka.
- Politesse et sécurité : La véritable politesse, c’est aussi prendre soin de l’autre, veiller à ne jamais blesser volontairement, à annoncer ses intentions, à maîtriser sa force en combat ou en kata.
- Politesse dans l’erreur : Reconnaître ses fautes, accepter l’aide d’autrui, remercier après chaque échange : voilà aussi la marque d’une politesse authentique dans le dojo.
- L’attitude juste en toute circonstance : Même hors du tatami, la politesse doit rayonner : respect des horaires, tenue correcte, ponctualité, humilité, capacité à donner sans attendre de retour.
Politesse et esprit Goju-Ryu
Le principe du "dur et du souple" n’est pas réservé à la technique : il s’applique aussi à l’attitude. Être ferme dans la discipline, mais toujours souple dans le rapport humain : c’est cela la politesse que nous cherchons à transmettre – ni servilité, ni arrogance, mais équanimité et ouverture.
Paroles d'un pratiquant
- La politesse précède la technique : Un élève doué mais sans respect n’ira jamais loin. Celui qui place la politesse en premier deviendra peut-être un jour un vrai maître, car il saura gagner le cœur des hommes.
- La politesse est un entraînement quotidien : Elle ne s’apprend pas une fois pour toutes. Chaque jour, chaque rencontre, chaque difficulté est l’occasion de cultiver un peu plus cet art subtil.
- Politesse et paix : Dans les instants de tension, c’est la politesse qui retient la violence. Elle rappelle que le karaté n’existe pas pour dominer, mais pour grandir ensemble, dans la bienveillance.
Dans le Goju-Ryu, la politesse est le socle invisible sur lequel tout s’édifie. Elle ne se limite pas au salut, mais innerve la parole, l’action et l’intention. Ainsi nous voulons la faire vivre dans motre enseignement, car la grandeur du karatéka ne se juge jamais à la puissance de son poing, mais à la profondeur de son âme – envers les autres, son maître, son école, et la voie elle-même.
