Gekiha daï ni

Le kata Gekiha Daï Ni occupe une place singulière dans le curriculum du Goju-Ryu Shorei-Kan, école fondée par Maître Seikichi Toguchi. Créé dans les années 1950 par Toguchi après la mort de Chojun Miyagi, il fait suite directe à Gekiha Daï Ichi et marque l’évolution du travail technique et tactique au sein de cette branche du Goju-Ryu.

Origine et sens de Gekiha Daï Ni

Gekiha Daï Ni a été conçu par Maître Toguchi pour compléter son système pédagogique destiné à lier de façon progressive et cohérente les formes de base (notamment les Fukyu et Gekisai) aux kata traditionnels du Goju-Ryu. “Gekiha” signifie “écraser” ou “maîtriser”, exprimant la notion de dominer le combat à la fois physiquement et stratégiquement, en allant au contact tout en conservant une maîtrise du rythme et de l’énergie, selon la philosophie du Go (dur) et Ju (souple).

Apports spécifiques par rapport à Gekiha Daï Ichi

Si Gekiha Daï Ichi sert de première synthèse technique, Gekiha Daï Ni introduit de nombreuses nouveautés techniques et stratégiques, approfondissant la complexité et les ressources du Shorei-Kan :

  • Diversification des attaques et défenses : Daï Ni propose davantage de changements de direction, de variations d’angles et d’enchaînements plus longs, obligeant le pratiquant à développer son adaptation face à des attaques multiples.

  • Travail approfondi du rythme : Les séquences alternent temps courts et longs, mettant en avant l’explosivité puis la maîtrise de la relâche, ce qui prépare aux variations subtiles des kata avancés.

  • Blocages et contres évolués : On y retrouve des blocages complexes, des enchaînements de double blocage et la gestion du contre via des projections ou des contrôles articulaires.

  • Incorporation de techniques de jambe : Gekiha Daï Ni fait appel à des coups de pied plus élaborés et intégrés au rythme général, tandis que Daï Ichi reste centré sur des trajectoires courtes et puissantes à mi-hauteur.

  • Développement de l’axe et du hara : Les déplacements et pivots sont plus marqués dans Daï Ni, sollicitant davantage le travail du centre de gravité, de la stabilité et du transfert de puissance via le sol.

L’ensemble vise à préparer le pratiquant à la sophistication des grands kata du Goju-Ryu, tout en lui donnant des outils analytiques pour interpréter et appliquer (bunkai) chaque séquence en combat réel.

Les gestes et séquences caractéristiques de Gekiha Daï Ni

Parmi les gestes nouveaux ou approfondis :

  • Double blocage circulaire suivi d’une projection

  • Blocage en rotation associé à un coup de poing en contre-attaque immédiatement enchaîné

  • Reprise de position en sanchin-dachi ou shiko-dachi après déplacement latéral

  • Coup de pied bas (gedan geri) suivi d’un contrôle d’avant-bras

  • Utilisation marquée des changements de hauteur et d’axe

  • Enchaînement blocage-frappe-retrait, puis attaque dans l’angle mort de l’adversaire

Ces éléments illustrent l’apport du kata en termes d’habileté tactique : l’élève apprend non seulement à répondre à une attaque, mais à se repositionner sans cesse pour rester en contrôle et ouvrir des opportunités offensives.

Gekiha Daï Ni reflète, dans la méthode Shorei-Kan, la volonté de Maître Toguchi d’approfondir la pédagogie du Goju-Ryu : ce kata fonctionne comme palier évolutif, affermissant la transition entre l’étude des formes simples et l’accès à la compréhension profonde des kata supérieurs du style. Par sa richesse technique, la variété de ses tempos et ses multiples innovations dans les parades, les contres et le déplacement, il constitue un outil irremplaçable dans la progression martiale et la compréhension du Shorei-Kan.

 

 

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