Kime

Qu’est-ce que le kime ?

Dans le karaté Goju-Ryu, le kime est un concept fondamental qui va bien au-delà de la simple force physique. Dérivé du verbe japonais kimeru (« décider », « fixer »), le kime désigne le moment précis où toute l’intention, la concentration et l’énergie du pratiquant sont focalisées dans une technique, généralement à l’instant de l’impact. Il s’agit d’un verrouillage bref et explosif du corps, qui permet de délivrer une puissance maximale avec une efficacité optimale.

Différence entre puissance, énergie et kime

Puissance

Capacité à transmettre de l'énergie dans un certain temps.

Énergie (Ki)

Force vitale, circulation interne qui anime le corps et l’esprit, souvent travaillée par la respiration et la concentration.

La sensation de dynamisme et de fluidité dans l’enchaînement des techniques.

Kime

Focalisation extrême de la puissance et de l’énergie à un instant, pour maximiser l’efficacité d’une technique.

L’instant où le corps se verrouille brièvement à l’impact, concentrant toute la force et l’intention dans le point de contact.

 

Le kime : une synergie de corps et d’esprit

Le kime n’est pas qu’une question de muscles : il implique une coordination parfaite entre le relâchement, la respiration et l’intention mentale. Avant l’exécution d’une technique, le corps est détendu et prêt ; à l’instant de l’impact, il se contracte brièvement (kime), puis se relâche à nouveau pour permettre la fluidité du mouvement suivant. Cette alternance entre tension et relâchement est essentielle pour éviter la rigidité, économiser l’énergie et préserver la vitesse.

  • Puissance brute : sans kime, elle risque d’être dissipée, mal contrôlée, voire dangereuse pour le pratiquant.
  • Énergie (Ki) : sans focalisation, elle reste diffuse et n’atteint pas son plein potentiel.
  • Kime : c’est l’art de « verrouiller » toute la puissance et l’énergie au bon moment, dans la bonne direction, avec la bonne intention.

Le kime dans la pratique du Shorei-Kan

Dans le Goju-Ryu, le travail du kime se retrouve à tous les niveaux : kihon (techniques de base), kata (formes), kumite (combat codifié). Les exercices respiratoires (notamment dans les katas Sanchin et Tensho) enseignent à canaliser l’énergie interne, à synchroniser la respiration et la contraction musculaire pour optimiser le kime.

  • Dans un tsuki (coup de poing) : la puissance est générée par la poussée du sol, l’énergie circule grâce à la respiration, et le kime concentre tout cela au point d’impact, verrouillant le corps juste une fraction de seconde.
  • Dans un uke (blocage) : le kime permet de rendre le blocage ferme et efficace, sans gaspiller d’énergie ni perdre de vitesse pour enchaîner la contre-attaque.

Pourquoi différencier puissance, énergie et kime ?

Comprendre la distinction entre ces notions permet d’éviter deux erreurs fréquentes :

  • Confondre puissance et efficacité : un mouvement puissant mais sans kime manque de précision et de contrôle.
  • Confondre énergie et force physique : l’énergie (ki) est subtile, elle doit être canalisée et focalisée pour devenir vraiment efficace.

Le kime est donc ce qui donne au karaté Goju-Ryu sa profondeur : il transforme la puissance brute et l’énergie intérieure en techniques précises, efficaces. C’est le secret d’un karaté à la fois souple et explosif, fidèle à l’esprit du Goju-Ryu (« dur et souple »).

Le kime, c’est l’art de tout donner… mais seulement au bon moment.

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