Le Daruma occupe une place importante dans la pratique du Goju-Ryu, notamment à travers le Daruma Taiso (gymnastique du guerrier), une pratique corporelle et énergétique qui fait le lien entre l’histoire du karaté, la culture zen et les exercices internes issus du Taichi et du qigong.
Origine et symbolique du Daruma
Le terme « Daruma » vient du moine indien Bodhidharma (Daruma en japonais), fondateur du bouddhisme zen et figure légendaire qui aurait introduit en Chine les exercices de renforcement corporel au monastère de Shaolin au VIe siècle. Selon la tradition, Bodhidharma enseigna aux moines des mouvements spécifiques pour renforcer le corps et l’esprit, à l’origine de nombreuses gymnastiques martiales chinoises, dont le qigong et, plus tard, le Taichi379.
Dans la culture japonaise, le Daruma est aussi une figurine symbolisant la persévérance, la résilience et la quête de l’éveil28.
Daruma Taiso en Goju-Ryu : intérêt et objectifs
Le Daruma Taiso est intégré dans certains courants du Goju-Ryu, notamment dans l’école Shorei-Kan fondée par Maître Seikichi Toguchi4. Il s’agit d’une série d’exercices visant à :
- Échauffer et assouplir le corps : préparer muscles, tendons et articulations à la pratique martiale.
- Développer la respiration abdominale profonde (ibuki), essentielle dans le Goju-Ryu.
- Renforcer la connexion au sol et le centrage (hara), fondements du travail énergétique.
- Favoriser la circulation de l’énergie interne (ki/qi) à travers les méridiens, dans l’esprit des exercices internes du Taichi et du qigong.
- Améliorer la coordination, l’équilibre et la fluidité des mouvements, en lien direct avec les principes du Goju-Ryu : alternance du dur (go) et du souple (ju).
Lien avec le Taichi et les arts internes
Le Daruma Taiso partage de nombreux points communs avec le Taichi :
- Travail de la respiration : synchronisation du souffle et du mouvement, recherche de la détente et du relâchement.
- Mobilisation de l’énergie interne : circulation du ki/qi dans tout le corps, conscience des méridiens.
- Mouvements circulaires et spirales : soutiennent la fluidité, la souplesse et l’adaptabilité, valeurs centrales du Goju-Ryu comme du Taichi.
- Dimension méditative : recentrage, présence à soi, développement de l’attention et de la stabilité émotionnelle.
Les trois formes du Daruma
Dans le Goju-Ryu (notamment au Shorei-Kan), on distingue généralement trois grandes formes de Daruma Taiso, correspondant à des objectifs et des niveaux de pratique différents :
- Daruma Taiso de base
- Exercices d’échauffement, d’assouplissement et de mobilisation articulaire.
- Mouvements simples, enchaînés lentement, axés sur la respiration et la posture.
- Daruma Taiso intermédiaire
- Ajout de mouvements circulaires, de rotations du tronc et de déplacements.
- Accent sur la coordination, la fluidité et la connexion entre le haut et le bas du corps.
- Daruma Taiso avancé
- Intégration de postures martiales, de techniques issues des kata, de contractions et relâchements musculaires (principe go/ju).
- Travail énergétique plus poussé, avec visualisation de la circulation du ki et recherche de l’unification corps-esprit.
Liste de gestes et exemples d’exercices
Bien que chaque école puisse proposer ses propres variantes, voici quelques gestes typiques du Daruma Taiso :
- Rotations de la tête, des épaules, des poignets et des hanches
- Étirements latéraux et torsions du buste
- Flexions et extensions des jambes, travail des positions basses (shiko dachi, sanchin dachi)
- Montées et descentes sur la pointe des pieds pour stimuler l’ancrage
- Mouvements circulaires des bras (similaires aux spirales du Taichi)
- Exercices de respiration profonde avec contraction et relâchement du ventre (ibuki)
- Enchaînements de blocages et parades lentes, synchronisés avec le souffle
- Auto-massages des membres et du visage pour activer la circulation
Conclusion
Le Daruma Taiso en Goju-Ryu c’est un pont vivant entre la tradition martiale d’Okinawa, l’héritage zen de Bodhidharma, et les pratiques énergétiques chinoises comme le Taichi. Il participe à la santé, à la longévité, à la conscience corporelle et à la compréhension profonde du karaté, en cultivant l’union du corps, du souffle et de l’esprit
